samedi 12 mai 2007

LE CINEMATOGRAPHE DU PETIT SAUVAGE : DANNY BOYLE

Peut on qualifier de génie celui qui manie l’éclectisme avec talent ?

Peut-on reconnaître les qualités d’un artiste uniquement à l’affirmation de son style, ou bien aussi à son goût pour s’aventurer dans tous les styles, à chaque fois avec bonheur ?

C’est par exemple le cas de Danny Boyle, réalisateur un poil schizo, qui sait à la fois faire dans la science-fiction (« Sunshine »), dans la comédie romantique (« Une vie moins ordinaire »), dans le film d’horreur (« 28 jours plus tard »), dans le conte (« Millions »), dans le thriller (« Petits Meurtres entre amis ») , dans la chronique shootée (« Trainspotting ») ou dans l’aventure exotico-mystique (« La Plage »).

Et, à chaque fois, ça cartonne !

La carrière de Danny Boyle, c’est un musée vivant du style cinématographique. Il est flagrant que ce réalisateur est un boulimique de cinéma, et qu’il a engrangé, tout au long de sa vie un immense savoir sur le septième art, ce qui lui permet de s’amuser à revisiter tous les genres cinématographiques, en les magnifiant de codes et de styles piochés à droite et à gauche, leur rendant ainsi un hommage toujours inspiré.

Dans « Sunshine », par exemple, le cinéphile amateur retrouvera des effets empruntés à Kubrick (le mysticisme de « 2001 l’odyssée de l’Espace », et le robot « conscient » qui pilote le vaisseai), bien sûr, mais aussi à Ridley Scott (le huis clos permanent du vaisseau, et la présence sous-jacente d’un intrus, comme dans « Alien »), et même à Michaël Bay (le Maître des gros blockbusters tels que « Armaggedon », dont « Sunshine » reprend quelques codes (notamment le mythe du héros sacrificiel qui va sauver l’humanité à grands coups de charges nucléaires), pour encore mieux se situer à l’opposé du style « blockbuster US »), entre autres…

C’est ainsi pour tous ses films. Se promener dans un film de Danny Boyle, c’est faire un zapping géant dans l’histoire du cinéma, au sein d’une histoire toujours bien tenue, et soutenue par des acteurs au diapason. Il faut dire que Boyle a compris qu’une des clés de la réussite d’un film, c’était la réunion d’une équipe fidèle, solide, et pérenne, que ce soit au niveau des acteurs, mais aussi de la photo, du montage, de la musique… Bref, la patte d’un réalisateur s’identifie mieux quand elle est protégée par une famille, et la famille Boyle existe bel et bien et ne cesse de s’agrandir…

Petit flashback sur l’histoire d’un grand talent qui commença par le théâtre, puis passa par la case télévision avant d’exploser sur grand écran…

Danny Boyle commence sa carrière au théâtre, à la « Join Stock Theatre Company » de Londres jusqu'en 1982. Il devient ensuite directeur adjoint du « Royal Court Theatre Company » en 1985 et met en scène parallèlement cinq pièces de théâtre pour la « Royal Shakespeare Company » grâce auxquelles il gagne plusieurs récompenses.Multipliant les terrains de jeux, il travaille aussi sur des séries pour la BBC, où il fait la connaissance du scénariste John Hodge et du producteur Andrew MacDonald avec qui il décide de passer au grand écran. Il conçoit alors une trilogie sur le manque d'argents (« Bag of money trilogy ») où il dirige à chaque reprise son acteur fétiche, l'Ecossais Ewan McGregor (membre honorifique et quasi permanent de la « famille Boyle »).Il réalise ainsi son premier long-métrage en 1994, « Petits Meurtres entre amis». Petit bijou d'humour noir, ce thriller permet à Danny Boyle de devenir l'un des jeunes cinéastes britanniques les plus prometteurs. Il confirme son talent avec « Trainspotting », film choc sur l'univers de la drogue présenté à Cannes Hors-Compétition en 1996, qui fait de lui un véritable réalisateur culte. Puis il conclut la trilogie avec « Une vie moins ordinaire », une histoire d'enlèvement et de rançon teintée d'humour et de romantisme qui marque sa première réalisation américaine.
Bénéficiant désormais d'une audience internationale, il réalise « La Plage », une aventure exotique, mystique, et sensuelle avec Leonardo DiCaprio et Virginie Ledoyen. Après un tournage mouvementé, le film est écorché par la critique, poussant ainsi le réalisateur à retourner en Angleterre pour se consacrer à des films plus intimistes.

Il garde toutefois le contact avec le scénariste de « La Plage » Alex Garland avec qui il travaille sur le film d’horreur « 28 jours plus tard » qui remporte cette fois un vif succès (c’est énorme !!!)

En 2004, il réalise Millions, (énorme aussi, mais dans un tout autre style) un conte au ton grinçant traitant de son thème fétiche, l'avidité, avant de faire appel une nouvelle fois à Alex Garland pour Sunshine en 2007, un ambitieux projet de science-fiction dans lequel une équipe d'astronautes doit rallumer le soleil qui est sur le point de s'éteindre, et qui vous laisse scotcher au fauteuil pendant deux bonnes heures. C’est même tellement scotchant, nerveux, rebondissant, que ça en est fatiguant… Mais l’esthétique créée pour le film et la beauté formelle de « Sunshine » sont absolument saisissantes, tout comme les acteurs, parfaits, et le développement passionnant des relations humaines et des évolutions psychologiques de chaque personnage au cours de ce huis clos spatial qui est certainement le meilleur film « spatial » depuis le second volet de Alien, sorti 21 ans plus tôt (celui de James Cameron,à mon sens le meilleure de la quadrilogie)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

MMmmm je me tatais un peu pour aller le voir mais aprés avoir visionné la bande annonce, ça avait vraiment trop l'air d'un bon gros film américain où les éternels US vont sauver la planète ... Me serais-je trompée ?
Mais je ne regrette pas d'être allée voir à la place "We feed the world", à voir absolument, documentaire sur la production de bouffe et sa commercialisation dans le monde : a vous faire dresser les cheveux et même vomir ...