vendredi 23 juin 2006

GENESE DE LA BETISE

Genèse de la bêtise... Sans commentaire...

L'INFO EN PLUS - SCORE DE LA FINALE

En 1930, lors de la finale de la coupe du monde de football, l'Uruguay a battu l'Argentine 4 à 2. Si si.

Que tous ceux qui s'en foutent lèvent la main bien haut !

PENSEE DE LA SEMAINE

"Les hémorragies cérébrales sont moins fréquentes chez les joueurs de football. Les cerveaux aussi !"
Pierre DESPROGES

LA PLUME DU PETIT SAUVAGE - NOUVELLE : "COUP DE FOUDRE"


Thomas était plutôt du genre rêveur. Il avait toujours été persuadé que sa vie se règlerait à grands coups de théâtre et de rencontres inattendues.

Ainsi, par exemple, il avait toujours espéré qu’il rencontrerait la femme de sa vie d’une manière absolument fortuite et instantanée. Il la reconnaîtrait, c’est sûr, au premier regard.

Il croyait au coup de foudre absolu, celui qui changerait toute sa destinée, celui qui révèlerait à ses yeux de grand enfant le chemin qu’il lui faudrait prendre.

Il vivait à Genève, et ce jour-là, il profita d’un moment de répit entre deux rendez-vous professionnels, pour se faufiler au « Quartier de Lune », un petit café au décor chatoyant et tamisé, parfait pour un moment de détente.

Au moment où il passa la porte, son cœur s’arrêta. Il le sentit parfaitement se stopper. Plus de battement, plus de rythme vital, l’espace de quelques infimes instants. Son souffle coupé, il tentait tant bien que mal de concentrer son regard vers celle qu’il venait d’apercevoir.

Sous l’effet du choc, il s’affaissa un peu, si bien qu’un serveur vint à sa rescousse. Thomas prétexta une rude journée, et rassura le garçon affable en lui confirmant qu’un bon café bien noir le remettrait d’aplomb.

Alors, il s’assit et la regarda.

Elle était comme en suspension dans l’univers terrien qui l’entourait. Elle semblait être un mirage, chaque geste, chaque mouvement, chaque déplacement faisait comme une volute de grâce et de d’irréalité autour de son corps dessiné uniquement d’ellipses harmonieuses.

Comme une comète dans une nuit sans étoile, elle rayonnait et filait dans le quotidien soudain blafard du « Quartier de Lune ». Elle parlait un peu fort, sa voix était limpide et joyeuse, et chacune de ses attitudes baignait dans une énergie communicative et étourdissante.

Il l’appela. « Mademoiselle… »

Elle s’approcha de lui, et sa main frôla son épaule. Une brève décharge d’électricité statique courut le long de l’échine de Thomas.

« Oui ? Je peux vous aider ? Il vous manque quelque chose ? »

Il ne lui manquait rien. Sucre, crème, petite amande chocolatée, cuiller, verre d’eau, note, cendrier. Tout était là.

« Vous. »
« Pardon ? »
« Il me manque vous. »
« Pardon ? »

Il respira un grand coup.

« Je veux dire… Vous me manquez tellement… »
« Mais… On se connaît ? »
« Euh… oui, non, enfin, je ne crois pas. Mais… je crois … je crois que je n’ai pas besoin de vous connaître pour … pour pouvoir vous reconnaître »

Alors elle éclata de rire. Et il devint rouge de gêne. Elle devait penser que c’était encore un énième plan drague, et elle allait le jeter sans ménagement.

« Vous, vous n’êtes pas très clair dans votre tête. Je vous ai déjà vu arriver tout chancelant tout à l’heure. Buvez votre café, je repasse après. Ca ira sans doute mieux ».

Il but son café et décida de partir. Il avait eu son quota de ridicule pour la journée. Il avait tourné de la tête comme une midinette et abordé cette inconnue comme le grand maladroit qu’il ne manquait jamais d’être. Et puis franchement, à trente ans, doit-on encore rêver du coup de foudre ? Il savait bien qu’à chaque fois, ce genre de rencontres était voué à l’échec. On ne vit bien avec quelqu’un qu’en ayant appris à le connaître. Ben oui.

Au moment de quitter le « Quartier de Lune », il l’entendit l’appeler.

« Tenez. Vous m’avez reconnue, peut-être, mais ce qui est sûr, c’est que vous ne me connaissez pas. Appelez moi pour combler vos lacunes. »

Elle lui tendit un sous verre sur lequel était griffonné son numéro et un prénom : Dorilys.

Au loin, l’orage grondait.

Il rentra chez lui, et tritura le sous verre pendant des heures. Devait-il l’appeler ? Qu’allait-il lui dire ? Etait-il sûr ?

Et puis ce prénom bizarre, Dorilys, l’intriguait beaucoup… D’où était-ce ? Il chercha sur Internet, et ne trouva qu’une explication farfelue, au sujet d’un personnage de roman, qui aurait la particularité de contrôler la foudre, et les orages.

Il se décida à composer le numéro. Mais personne ne répondit. Il y avait juste une sorte de grésillement au bout de la ligne. Comme un jour d’orage. Il allait reposer le combiné quand une violente décharge électrique lui secoua le bras, au moment où une boule de foudre sortit de l’appareil pour virevolter dans toute la pièce.

Thomas se plaqua au sol, et couvrit sa tête de ses bras. La foudre s’échappa par la fenêtre heureusement ouverte et le laissa terrifié.

Terrifié parce que le ciel, à sa fenêtre, était serein et calme, et qu’il n’y avait pas d’orage aux alentours. Mais bon, parfois, cela peut arriver…

Le numéro devait être faux. Il décida de retourner au « Quartier de Lune » le lendemain.

Mais Dorylis n’était pas là. Il demanda au barman si elle allait venir aujourd’hui, et celui-ci lui répondit qu’il ne connaissait pas de Dorylis. Il héla le patron, qui lui répondit la même chose. Thomas s’agita, expliqua qu’il était venu hier, mais si ils devaient bien se souvenir de lui, et qu’hier, Dorylis travaillait bien au « Quartier de Lune ».

Hélas, personne ne se souvenait de sa venue la veille, et personne ne connaissait une fille prénommée Dorylis. D’ailleurs, ici, il n’y avait que des mecs qui bossaient.

Thomas sortit l’air un peu hébété et marcha en direction du lac Léman. Le ciel était bas et lourd, les nuages électriques vrombissaient sournoisement. Thomas savait qu’il devait vite rentrer s’il ne voulait pas se retrouver sous une dense averse orageuse, mais il n’en avait que faire.

Il était concentré, et se demandait bien ce qui avait pu se passer hier. Avait-il rêvé de tout cela ? Mais comment avait-il pu rêver du « Quartier de Lune » s’il n’y avait jamais mis les pieds ?

Le tonnerre l’arracha à ses pensées. Un grondement vif, sourd, profond comme une voix de ténor céleste.

La pluie se mit à couler le long de ses cheveux bouclés et vint dessiner sur son visage des larmes qu’il ne pleurait pas.

Il la vit, assise sur le rebord du Quai du Mont-Blanc.

Elle était là, irréelle, légère et belle. Elle souriait malgré la pluie et l’orage. Elle semblait dans son élément au milieu des nuages déchaînés.

Il s’approcha, et elle lui tendit la main. Il la saisit et le tonnerre gronda.

« Tu n’as pas froid ? »

Elle avait une légère robe noire, qui laissait ses jambes nues. Ses cheveux trempés collaient à son visage d’ange.
« Non. J’aime les orages. Ils sont puissants et imprévisibles. Ils sont, au choix, la vie, de par leur pluie, ou la mort, de par leur foudre. J’aime leur ambivalence.»

« Je… j’ai essayé de t’appeler…je suis aussi repassé au « Quart… »
« Ne pose pas de questions. »

Et elle l’embrassa.

Les gouttes de pluies suspendues à ses lèvres se partagèrent aux siennes. Il l’enlaça, elle n’était pas bien grande, sa tête était doucement posée sous le menton de Thomas, qui respirait l’air pur et parfumé de ses cheveux bruns.

« Il ne faut pas m’aimer, Thomas »

Il la regarda, interrogatif. La pluie avait redoublé. Elle s’écarta de lui, et partit. Il voulut la rattraper.

« Non. Il ne faut pas m’aimer ! »

Elle disparut au coin d’une rue.

Il resta dehors, pantois. La pluie venait de cesser. Ses larmes vinrent dessiner sur son visage les gouttes qui ne tombaient plus.

Il rentra chez lui.

Deux jours passèrent sans qu’il mette une seule fois le nez dehors.

Le soir du deuxième jour, l’air était encore lourd sur la ville.

Le tonnerre murmurait au loin.

On sonna à sa porte. Il alla ouvrir. C’était Dorylis. Il commençait à pleuvoir dehors.

« Mais… mon adresse ? Comment… »
« Ne pose pas de questions. »

Elle se blottit dans ses bras.

« Tu m’aimes ? »

L’orage se rapprochait.

« Oui »

Première déflagration énorme, vibrante, saisissante.
Elle enleva ses chaussures, et se déshabilla.

Elle était belle nue. Satinée et chavirante.

Elle le poussa doucement sur le canapé noir du salon, et le déshabilla.

« Il ne faut pas m’aimer » lui dit-elle

Elle s’assit sur lui, le regarda dans les yeux. Ses cheveux tombaient doucement sur son torse.

« Il ne faut pas m’aimer »

Dehors, l’orage était là. La pluie battait les carreaux, et les éclairs illuminaient le ciel en mille spasmes photographiques.

Une fenêtre se brisa tandis que leurs corps se fondaient.

Un éclair jaillit dans le salon, libérant une boule de foudre qui enflamma tout dans sa course folle.

L’incendie se propagea bientôt à tout l’appartement, et l’engloutit comme un ogre de flammes.

Les pompiers, bientôt sur place, ne trouvèrent que des débris carbonisés, et un cadavre.

Thomas gisait sur son canapé, le corps nu et calciné. Seuls ses yeux n’avaient pas brûlés. Des larmes en coulaient encore tandis qu’au « Quartier de Lune », Dorylis servait des cafés à des hommes qui soupiraient.

dimanche 18 juin 2006

A LA UNE - IL EST MORT LE POETE. ET LE CLOWN AUSSI.

Raymond Devos nous a quitté la semaine dernière. Mes fous rires se sentent un peu orphelins.
On le voit ici en train de divertir son ami Georges Brassens, qui avait été opéré des reins.
A chaque fois que l'archet glissait sur le violon, le petit papillon posé sur la tête de Raymond Devos s'envolait... Magie de la poésie et de l'humour.

PENSEE DE LA SEMAINE

« Est-ce que c'est en remettant toujours au lendemain la catastrophe que nous pourrions faire le jour même que nos l'éviterons ? »
Raymond DEVOS

L'INFO EN PLUS - DRACONIEN

L'adjectif "draconien", vient du nom de DRACO, archonte d'Athènes, qui promulgua, en 621 avant notre ère, le code draconien. Ses lois "écrites avec du sang " (sic) punissaient de mort les infractions mêmes les plus légères...

LA PLUME DU PETIT SAUVAGE - POESIE - "LE SAULE PLEUREUR"

Se dressant dans les cieux comme une majesté déchue,
Il emprisonne les souffles de ses mille bras nus
Auxquels, sombre, j’y verrai pendus
Tous ces amants et leurs tristes refus.

Le corbeau, messager solitaire des damnés défunts
Vole bas, sauvage, va et vient,
Emportant l’âme de ces milliers d’humains
Vers le début d’une partition sans fin.

Un verre d’alcool vient effacer cet enfer,
Et le saule pleureur, seul dans le froid de l’hiver,
Attend ses victimes, dit au vent de se taire
Pour mieux écouter l’amour et ses misères.

LE PHONOGRAPHE DU PETIT SAUVAGE - RHODA SCOTT - LIVE A PORRENTRUY


Ce soir là, tout était estival et bucolique.

Au milieu de la ville, une grande place, une fontaine et une pelouse verte, décor propice à un bon concert de jazz.

La scène se dresse fièrement là, au milieu de cette petite bourgade médiévale et helvète.

Des bars, un à bière, un à champagne, et un pour tout le reste, l’entourent joyeusement, et un service de restauration est dressé un peu plus loin sous une grosse tente.

Il est environ 20 heures, et le Joël Affolter Dixie Trio (Ch) entre en scène pour réchauffer une atmosphère un peu somnolente. Au son d’un jazz détendu et swinguant, les trois musiciens suisses, professeurs de musique le jour, et fringuants jazzmen la nuit, préparent le terrain pour la grande Dame qui va bientôt faire son entrée.

L’un des trois possède un instrument colossal, un saxophone basse qu’il a en plus rallongé, lui donnant ainsi un faux air de basson.

Alors elle arrive.

Depuis plus de trente ans, elle parcourt le monde et régale les oreilles des amateurs de jazz et de blues du monde entier. Ayant conquis un public toujours plus large, de par sa gentillesse et sa bonne humeur communicative, elle passe sa vie en tournée, et a joué avec les plus grands : Ray Charles, George Benson, Count Basie, Elle Fitzerald.

On l’appelle « l’organiste aux pieds nus ». C’est la Reine de l’orgue Hammond, cet instrument indissociable du blues, du gospel, et des Doors…


Ce fut un concert incroyable. Reprenant des grands standards (comme « Mack the Knife, « La Mélodie du Bonheur », « Caravan » ou « In The Mood », qu’elle sculpte de longues et inventives improvisations, elle subjugue son public quand elle mélange Bach et Prévert en interprétant en même temps la fameuse « Toccata & Fugue » et « Les Feuilles Mortes ». Accompagnée d’un batteur prolixe et inspiré, elle dévoile un jeu impressionnant, où ses pieds nus travaillent autant que ses mains (en effet, l’orgue Hammond a la particularité d’avoir un pédalier composé d’une douzaine de pédales, pour jouer les basses).

Rhoda Scott vole sur son orgue, ses pieds sautillent, ses mains rebondissent, et le public fait de même au son de ses notes.

Quant elle nous gratifie d’un blues chanté de sa voix chaude en guise de « bis », un frisson ultime parcoure mon échine et je me précipite alors vers la Grande Dame et son sourire d’enfant pour lui dire tout simplement merci pour ce beau moment.

Rhoda Scott est en tournée dans toute la France cet été, et sera présente dans de nombreux festivals de jazz. Je vous conseille vivement d’y aller, tout comme découvrir ses disques, qui sont de vrais moments de grâce et de bonheur, parfaits pour illustrer un dîner en tête à tête ou un apéritif en terrasse.

THIEFAINERIES

Petit florilège pour vous aider à mieux apprécier la plume géniale et surréaliste d'Hubert Félix Thiéfaine...


D'ivresse en arrogance,
Je reste et je survis,
Sans doute par élégance,
Peut-être par courtoisie
Mais j'devrais me cacher
Et parler à personne
Et ne plus fréquenter
Les miroirs autochtones.
Un automne à Tanger

J'arriverais par l'ascenseur de 22h43
En provenance de Babylone
Les quais seront encombrés de pendus
Laissant claquer leurs machoires dans le vent
En guise de discours de bienvenue...(bis)
L'ascenceur de 22h43

Ce matin les enfants ont cassé leurs vélos avant de se jeter sous les tramways N°1, N°4, N°10, N°12, N°30, 51, 62 80, 82, 90, 95, 101, 106 et 1095 (qui gagne un lavabo en porcelaine)...
En sautant de mon lit, j'ai compté les morceaux... c'est alors que j'ai vu le regard inhumain de ton amant maudit qui me lorgnait comme une bête à travers les pales du ventilateur tout en faisant l'amour dans une baignoire remplie de choucroute garnie...
La vierge au dodge 51

Manipulez-vous dans la haine
Et dépecez-vous dans la joie.
Le crapaud qui gueulait : « je t'aime »
A fini planté sur une croix
113ème cigarette sans dormir

On s'est aimés dans le maïs
T'en souviens-tu mon Anaïs
Le ciel était couleur de pomme
Et l'on mâchait le même chewing gum
Dernière station avant l'autoroute

Plus question de chercher du travail
On pédalait dans les nuages
Au milieu des petits lapins
La fille du coupeur de joints
La fille du coupeur de joints

Tu peux venir là où je suis.
L'ennui, c'est que je ne suis plus
La môme kaléidoscope

La cancan cancoillote
C'est un mets bien franc-comtois
Tout en dansant la gavotte
On se beurre la gueule à l'Arbois
La cancan cancoillote
Ce n'est pas pour ces François
Tout en pelotant la Charlotte
On la mange avec les doigts
La cancoillote



Note : si vous ne connaissez pas la cancoillote, courrez vite en acheter un pot au supermarché du coin... C'est trop bon, j'en mange depuis que j'ai deux ans...