dimanche 18 juin 2006

LE PHONOGRAPHE DU PETIT SAUVAGE - RHODA SCOTT - LIVE A PORRENTRUY


Ce soir là, tout était estival et bucolique.

Au milieu de la ville, une grande place, une fontaine et une pelouse verte, décor propice à un bon concert de jazz.

La scène se dresse fièrement là, au milieu de cette petite bourgade médiévale et helvète.

Des bars, un à bière, un à champagne, et un pour tout le reste, l’entourent joyeusement, et un service de restauration est dressé un peu plus loin sous une grosse tente.

Il est environ 20 heures, et le Joël Affolter Dixie Trio (Ch) entre en scène pour réchauffer une atmosphère un peu somnolente. Au son d’un jazz détendu et swinguant, les trois musiciens suisses, professeurs de musique le jour, et fringuants jazzmen la nuit, préparent le terrain pour la grande Dame qui va bientôt faire son entrée.

L’un des trois possède un instrument colossal, un saxophone basse qu’il a en plus rallongé, lui donnant ainsi un faux air de basson.

Alors elle arrive.

Depuis plus de trente ans, elle parcourt le monde et régale les oreilles des amateurs de jazz et de blues du monde entier. Ayant conquis un public toujours plus large, de par sa gentillesse et sa bonne humeur communicative, elle passe sa vie en tournée, et a joué avec les plus grands : Ray Charles, George Benson, Count Basie, Elle Fitzerald.

On l’appelle « l’organiste aux pieds nus ». C’est la Reine de l’orgue Hammond, cet instrument indissociable du blues, du gospel, et des Doors…


Ce fut un concert incroyable. Reprenant des grands standards (comme « Mack the Knife, « La Mélodie du Bonheur », « Caravan » ou « In The Mood », qu’elle sculpte de longues et inventives improvisations, elle subjugue son public quand elle mélange Bach et Prévert en interprétant en même temps la fameuse « Toccata & Fugue » et « Les Feuilles Mortes ». Accompagnée d’un batteur prolixe et inspiré, elle dévoile un jeu impressionnant, où ses pieds nus travaillent autant que ses mains (en effet, l’orgue Hammond a la particularité d’avoir un pédalier composé d’une douzaine de pédales, pour jouer les basses).

Rhoda Scott vole sur son orgue, ses pieds sautillent, ses mains rebondissent, et le public fait de même au son de ses notes.

Quant elle nous gratifie d’un blues chanté de sa voix chaude en guise de « bis », un frisson ultime parcoure mon échine et je me précipite alors vers la Grande Dame et son sourire d’enfant pour lui dire tout simplement merci pour ce beau moment.

Rhoda Scott est en tournée dans toute la France cet été, et sera présente dans de nombreux festivals de jazz. Je vous conseille vivement d’y aller, tout comme découvrir ses disques, qui sont de vrais moments de grâce et de bonheur, parfaits pour illustrer un dîner en tête à tête ou un apéritif en terrasse.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je confirme, elle est fantastique! l'autre jour on est allés la voir avec un copain, dans un petit mais bon club de jazz de berne... elel nous a fascinés, et à la fin on a pris un verre avec elle, juste tous les 3... elle nous demande ce qu'on fait, d'ou on vient... et quand je lui répond "nouméa", elle s'éclaire encore davantage: elle y est allé 3 fois, pour des concerts, en garde des supers souvenirs, nous raconte plein d'anecdotes.... cette femme est tout simplement un bonheur, en tant qu'artiste et en tant que personne!