samedi 8 juillet 2006

A LA UNE - ZIDANE - CARTON ROUGE


Quand on a 34 ans, quand on est soit disant un exemple pour la France, la jeunesse, quand on véhicule un message basé sur le respect, la tolérance et le fair-play, il y a des gestes à ne pas faire. Quand on veut finir sa carrière en beauté, la tête haute, il y a des violences à éviter. Quand des centaines de millers de français scandent des "Zidane Président", on ne balance pas un coup de tête à un italien à l'injure facile devant des centaines de millions de téléspectateurs. On se contient. On se contrôle. On donne l'exemple. Ou alors on ferme sa gueule.

Desproges a bien raison.

PENSEE DE LA SEMAINE

"Il vaut mieux être cocu que veuf. il y a moins de formalités."
Alphonse ALLAIS

MORT AU FOOT

16 juin 1986

......Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j'entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu'ils existent, subissent à longueur d'antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur gazon l'honneur minuscule d'être champions de la balle au pied.

......Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s'abaisser à jouer au football.

......Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance l'esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de bœufs éteints ?

......Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester publiquement sa libido en s'enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de huit, à grands coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d'usine ? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois ?

......Je vous hais, footballeurs. Vous ne m'avez fait vibrer qu'une fois : le jour où j'ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J'eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu'à la fin du tournoi. Mais Dieu n'a pas voulu. Ça ne m'a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoi qu'on fasse et où qu'on se planque, on ne peut y échapper.

......Quand j'étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l'école ou dans la rue. On me disait : « Ah, la fille ! » ou bien : « Tiens, il est malade », tellement l'idée d'anormalité est solidement solidaire de la non-footballité.

......Je vous emmerde. Je n'ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celle des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez aux stades.

......Pouf, pouf.

Pierre DESPROGES

LA PLUME DU PETIT SAUVAGE - POESIE - "CES CIEUX LA"


A ciel ouvert

Sur les bleus de ma vie

Mon cœur frémit

D’ondes amères

A ciel zébré

D’éclairs de rage

Mon cœur secoué

Refuse d’être sage

A ciel bas et lourd

De nuages tyranniques

Mon cœur rêve toujours

D’amours électriques

A ciel d’étoiles

Vives et claires

Mon cœur se voile

Mon cœur espère

LE PHONOGRAPHE DU PETIT SAUVAGE - LES FRERES JACQUES

Ce quatuor vocal a marqué l'histoire de la chanson française pendant près de 40 ans. Non seulement par l'excellence de leurs interprétations mais surtout pour leur célèbre facette scénique. Justaucorps, collants, gants et chapeaux les caractérisent à jamais aux yeux du public, sans compter leurs mises en scène savamment chorégraphiées pour chaque chanson. Mêlant comédie, humour et musique, les Frères Jacques ont une place bien particulière dans le répertoire français.

C'est en 1944 que les quatre futurs Frères Jacques ont créé leur ensemble. Il est composé de deux frères, André et Georges Bellec, de François Soubeyran et de Paul Tourenne.

Tout à la fois comédiens et chanteurs, les Frères Jacques (de l'expression "Faire le Jacques", faire l'imbécile) intègrent la troupe Grenier-Hussenot, la première troupe de théâtre à se monter à la Libération. C'est là qu'ils rencontrent Pierre Philippe, pianiste de la compagnie, qui devient très vite le pianiste attitré des Frères Jacques et le cinquième membre du groupe. Pierre Philippe va mettre en place leur musicalité, leur sonorité si particulière. Il va les faire travailler très dur pour fignoler au maximum leurs morceaux.

Outre Pierre Philipe, ils rencontrent aussi Jean-Denis Malclès, décorateur de théâtre qui créé leur célèbre costume : collants noirs, justaucorps d'une couleur différente pour chacun, gants et chapeaux multiples selon les chansons. Ce costume très inspiré par la danse et pour le moins moulant sera souvent source de blagues et de discussions, choquant les uns, amusant les autres. Mais les quatre hommes ne le quitteront jamais jusqu'à leur dernier tour de chant en 1982. Malclès est aussi l'auteur de leur décor qui ne connaîtra guère de variations au cours de leur carrière.

Ils connaissent leur premier succès en 1946 sur la scène du cabaret d'Agnès Capri avec le titre "L'Entrecôte". Inspiré de la vie quotidienne, leur répertoire aborde souvent des thèmes apparemment très banals comme une entrecôte mais les mises en scène, l'orchestration et leur interprétation teintée d'humour met en valeur n'importe quel sujet.

Les Frères Jacques ont eu une carrière riche en rebondissements. Avec des milliers de concerts, près de 400 chansons et des tournées qui les ont menés dans 68 pays, ils ont rencontré un exceptionnel succès artistique, public et critique tant en qualité que dans la durée. Ils ont chanté sur les plus prestigieuses scènes et devant les plus fameuses personnalités de Charlie Chaplin à la Reine d'Angleterre. Leur style unique a engendré quelques descendants comme Raymond Devos, Chanson Plus Bifluorée, l'ensemble à cordes comico-instrumental le Quatuor, et on peut même retrouver leurs influences auprès de groupes plus rebelles comme les VRP ou les Nonnes Troppos.

De la plus pure poésie à la chanson paillarde en passant par les textes d'auteurs tels Vian, Prévert, Brassens, Queneau, Ferré, Sartre, Bernard Dimey ou Jean Cosmos (et même Jean de la Fontaine), les Frères Jacques ont réussi une synthèse entre théâtre et musique en créant un style où le visuel est aussi essentiel que la voix.

C’est un exemple rare de pure poésie, de beau burlesque, d’humour inventif et intelligent…

LES FRERES JACQUES - AMOUR EN DIX-NEUFS PONTS

Viaduc d'Auteuil, il lui fit de l'oeil,
sur le pont Marie, elle lui a souri
Il ne l'accosta que sur le pont de l'Alma
L'avait l'air d'un oeuf jusque sur le Pont-Neuf
L'a dit "c'qu'y fait beau" pont Solferino,
Elle répondit "oui" sur le pont Saint-Louis.
Il la trouva belle pont de la Tournelle,
Elle le trouva beau su' l'pont Mirabeau
Puis il devint tendre su' l'pont Alexandre
Et l'a embrassée pont de l'Archevêché
Elle a dit "je t'aime" su' l'pont d'Bir-Hakeim
Et lui "moi aussi" sur le pont d'Bercy

Tard sur le pont des Arts
Lorsque son mari les vit pont de Sully
Saisit l'rival su' l'pont Royal
Et l'bascula par-d'ssus l'pont d'Iéna
"J'veux suiv' mon amant" dit-elle pont de Conflans
Et son corps fit flac ! sous le pont Tolbiac.
Elle l'a rejoint à Noël sous le pont de Grenelle
A jamais réunis sous les ponts de Paris