lundi 19 décembre 2005

A LA UNE - NOËL : ILS SONT NES LES DIVINS ENFANTS.


Ils sont nés les divins enfants.
Sans commentaire...

PENSEE DE LA SEMAINE

Noël au balcon, enrhumé comme un con".
Proverbe.

LES LECTURES DU PETIT SAUVAGE - FRED VARGAS


Une délicieuse personne, dont je tairai ici le nom par souci de discrétion, m'a récemment conseillé de lire, durant mes longues heures passées dans l'avion, quelques polars écrits par Fred Vargas, auteur français, et référence actuelle du style.

Comme pour appuyer son conseil, elle m'envoya, dans une enveloppe à bulle, deux romans de l'auteur, et me voici donc au pied du mur, cerné par les deux livres, qui m'incitaient à ouvrir leur couverture, à effleurer leurs pages, et à dévorer leurs mots.

C'est très physique, la lecture, finalement. On regarde, on touche, on dévore quand ça nous plait.


Fred Vargas. Auteur de polar français à la mode. Enqûete plus appronfondie. Pas auteur. Auteure. Archéologue, spécialiste du Moyen Âge, elle a râflé de nombreux prix, notamment avec "Pas Vite et reviens Tard".




Bon, et bien je vais commencer par c'ui là alors.

Un Breton envahit de suite l'incipit du thriller, m'incitant à l'accompagner dans les rues du quartier Montparnasse, puis, bientôt, apparait tout une galerie de personnages secondaires bien tirés, et le héros, flic, avec tout ce qu'il faut pour faire un bon héros (beau, cool, taciturne, intuitif, marginal), mais pas trop quand même.

On y parle de signes mystérieux peints sur des milliers d'immeubles parisiens (et aussi marseillais, un peu plus tard), de meurtres liés à ces signes, d'un fléau séculaire qui viendrait frapper la Capitale, d'une terrible malédiction, bref, on va loin, sans bien s'en rendre compte, se laissant porter par la plume et les idées agiles de Fred Vargas.

Par moments, on touche la précision stylistique de Grangé (auteur, entre autres, des "Rivières Pourpres"), mais avec un ton un peu plus décalé toutefois.

Un polar de Fred Vargas, à la lumière du premier ouvrage lu "Pars Vite et Reviens Tard", semble donc être une lecture agréable, captivante, sans être prise de tête, bref, l'idéal pour vous accompagner durant vos déplacements pour les Fêtes de fin d'année.


Un polar de Fred Vargas est aussi une bonne idée de film, d'ailleurs, Régis Wargnier, réalisateur d' "Indochine", d' "Une Femme Française", d'"Est Ouest", et, dernièrement, de "Man to Man", est en train de tourner l'adaptation ciné de "Pars Vite et Reviens Tard", avec José Garcia dans le rôle principal (s'agit-il du héros flic ou du breton de l'incipit, je ne sais pas...?). Sortie été 2006.


BELGRADE - NAGUERE, LA GUERRE

Il y a des pays que j'affectionne particulièrement, et dans lesquels il me tarde de revenir.

La Serbie en fait partie.

Chaque année, depuis l'an 2000, je vais à Belgrade, et c'est pour moi l'occasion de me replonger dans une atmosphère qui m'est tout de suite apparue chaleureuse, voire familière.

La Serbie. Il y a 10 ans, c'était la guerre. Les bombardements américains, les snipers, les déportations, les camps de réfugiés.

Tout cela semble bien fini maintenant. Il y a 3 ou 4 ans, encore, je pouvais voir, roulant sur les larges avenues de la ville, quelques immeubles en ruine, agonisant sous les coups de bombes américaines largués ici des années plus tôt.

Mais aujourd'hui, les immeubles en construction ont définitivement pris la place des immeubles en destruction.



Belgrade, la ville aux deux rivières, le Danube, et la Sava. Belgrade et sa forteresse plusieurs fois centenaire, Belgrade et son centre historique aux rues piétonnes, aux terrasses bondées quand vient l'été, son quartier bohémien, ses esprits gitans, latins, orientaux, slaves, ce mélange épicé et tourbillonnant comme la musique de Goran Bregovic ou les films d'Emir Kusturica....



On peut se balader dans les nouveaux quartiers et leurs immenses galeries marchandes, (Novi Beograd) ou préférer flâner dans les rues piétonnes de la vieille ville, ou dans le parc qui borde la forteresse et son antique zoo.


On peut hésiter longuement avant de franchir la porte d'un restaurant ou d'un bar, tant il y en a dans la ville. J'ai rarement vu un choix aussi exhaustif de lieux pour sortir, dans le centre ou bien sur les bords des deux rivières, dans un de ces mutliples bâtiments s'avançant dans l'eau, ou musiques et boissons coulent à flots jusqu'au petit matin, où vous perdrez pied, c'est certain...

Un endroit à ne pas manquer : le bar restaurant Sinatra, tout entier dédié au jazz, où l'on y mange et boit très bien, tout en écoutant du bon son...

Belgrade est vraiment à l'image du peuple serbe, étourdissante, ébouriffante, désorganisée, joyeuse, fêtarde, surprenante, cosmopolite, c'est un grand bazar des cultures du monde où la vie transpire sous chaque pavé, sur chaque trottoir, dans chaque cicatrice, physique ou morale, laissées par les noires années de conflits ethiques, religieux et politiques.




Je voulais signaler, à cette occasion, une anecdote intéressante sur le comportement de notre président Jacques Chirac. Lors de la guerre en Ex - Yougoslavie, les américains avaient décidé de détruire les ponts de la ville de Belgrade. Il faut bien saisir que sans ses ponts, Belgrade était comme amputée, et se serait asphysiée, coupée en deux, laissant d'un côté des deux rivières les dizaines de milliers d'habitants des cités dortoirs entourant le centre, et de l'autre le centre ville et le coeur économique de la Cité. Que se serait-il passé alors ? Certainement un désastre humanitaire, culturel et géographique. Imaginez, par exemple, Paris ou Londres sans ponts.

Le seul dirigeant ayant osé s'opposer aux Américains fut Jacques Chirac, qui, après de nombreuses pressions et tractations, obtint gain de cause. Les Américains ont donc épargné les ponts de Belgrade. Et les habitants de la ville ont une certaine gratitude à l'égard du président Chirac.

Vivant maintenant en Suisse, je regarde l'actualité politique française d'un oeil lointain, extérieur, et je ne peux m'empêcher de constater que les Français sont un peuple râleur, sans respect pour leur dirigeant.

Dans l'histoire récente des conflits internationaux, Jacques Chirac a toujours été un partisan de la paix, ce qui est loin d'être le cas de la plupart des présidents des autres pays développés, ou même des précédents présidents français. Défendant probablement des intérêts politiques précis (car je ne prêche pas le fait qu'il soit un pur philantrope), il a tout de même tenu tête de nombreuses fois au comportement belliqueux des américains, des britanniques et de leurs alliés. Et cela se ressent fortement dans l'opinion que portent à notre égard les pays en guerre aujourd'hui. Chirac a toujours su conjuguer (à l'étranger du moins) cette grande idée d'une France généreuse, libre, insoumise et pacifique.

Je voulais juste souligner cela pour dire que je préfère avoir un Président de la République qui s'oppose à la guerre et qui a 3.000 euros de frais de bouche par jour qu'un Président arrogant et belliqueux, qui jouerait le jeu impérialiste des américains, et qui mangerait peut être un peu moins. Un Président qui, entre autres, n'a pas envoyé de troupes en Irak, et qui a refusé que soit détruit les ponts de Belgrade.