samedi 24 février 2007

CHRONIQUES SENEGALAISES - GOREE

L’île de Gorée, à seulement 3 kilomètres au large des côtes dakaroises, a le pouvoir magique de vous faire voyager dans le temps.

A vingt minutes à peine de bateau d’une ville bouillonnante, c’est un lieu unique, où règne un calme et une ambiance « hors de tout » qu’il semble difficile de trouver ailleurs.



Sur une vingtaine d’hectares, un millier d’habitants réside là, loin des bruits de la modernité.

Pas de voiture, pas de route goudronnée, le seul lien avec le reste du monde est la chaloupe pour Dakar, qui passe une fois par heure.

Ici se côtoient jet set locale, bourgeoisie expatriée, et classes populaires. A côté de maisons de maîtres valant des fortunes, on trouve des petits villages de case semblables à ceux des zones rurales les plus excentrées, ou des squats remplis débordant de vie et de précarité.


Ici, « toubabs » (les « blancs » en Afrique de l’Ouest) et locaux se mélangent et cohabitent dans une harmonie identitaire nommée « goréen(ne) ».

J’ai été très surpris de trouver une ambiance si naturelle et authentique sur ce petit bout de terre. Je m’attendais à une sorte de ghetto de privilégiés, au large d’un pays en proie à de nombreuses difficultés économiques. Il n’en est rien. C’est un petit village d’insulaires désireux de cultiver et de conserver leurs particularismes.


Au milieu de ces dizaines de maisons multicolores, datant pour la plupart de plusieurs siècles, on trouve des centaines d’enfants jouant et riant en toute liberté, mais aussi, des chèvres, des moutons, des chiens, des chats, en toute liberté aussi. A côté de cette vie spontanée, il y a les petits commerces locaux, et les innombrables échoppes pour touristes.

Ils sont nombreux, justement, les touristes, chaque chaloupe déverse son flot de toubabs, incarnation vivante du porte-monnaie pour les populations locales, qui viennent toutes les deux minutes vous proposer un objet ou vous demander une pièce, toujours avec beaucoup d’insistance et de gentillesse.

Le matin, tu es réveillé par le chant du muezzin de la mosquée toute proche. Puis viennent les chants des oiseaux, ils sont des milliers. Puis viennent les cris des enfants, aussi nombreux que les oiseaux. Tu te lèves, entouré de rêves, de fleurs et de verdures. Tu as le temps. Tu le sens s’écouler lentement, le temps, ici, il chuchote, il ne crie pas de te dépêcher, comme d’habitude. Ici, le temps fredonne.

Tu iras te balader entre les maisons pastels, te baigner dans l’eau fraîche et claire de l’océan, boire une bière ou manger des gambas, dans les deux cas très fraîches, au bord de la petite plage, près de l’embarcadère. Tu admireras le ballet des cent milans qui parcourent le ciel en permanence à l’affût de petites proies. Tu entendras beaucoup de musique, des percussions, de la guitare, des gospels, des chants traditionnels, du reggae, ou du hip-hop.



La nuit, au souffle du vent, tu auras peut-être l’impression d’entendre un lointain gémissement, peut-être celui de tes frères noirs, enfermés là comme du bétail, des siècles avant tes petites vacances, pour la traite des esclaves. Comme tout le long des côtes d’Afrique de l’Ouest, Gorée fut un point de transit important de cet ignoble commerce de chair, dont il ne faut jamais oublier le souvenir.

Se rappeler pour ne jamais recommencer. Penser qu’avant ton bien-être, la douleur régnait ici. Prier, peut-être, ou simplement se recueillir, tandis que le muezzin psalmodie en haut de son minaret, et que la brise marine caresse les fenêtres sans vitraux de l’église voisine.

2 commentaires:

Emma & Steph a dit…

mmm ça fait bien envie tout ça. Dommage que certaines des photos aient merdouillé, on n'a des barres devant ...
Ravis de te savoir de retour entout cas. On imagine que ça a été magnifique, tu nous raconte ça quand ?

Anonyme a dit…

Salut Couzzz!!! Bravo pour ta verve !!!!!!!! J'aime beaucoup, tu as apparement attrapé la " gorééité aigue":p
Je suis actuellement à gorée, histoire de faire en sorte que tu m'envies un peu hihi
Je t'embrasse fort
Ida