dimanche 5 novembre 2006

LA PLUME DU PETIT SAUVAGE - CHRONIQUE - "HORS CADRE"

Je connais quelqu’un qui dessine hors des cadres des tableaux.

C’est une magicienne peut-être.

En tous cas, je vous le promets, cette personne là,

Elle dessine
Hors des cadres
Des tableaux.

Quelle belle idée de vie.

Quelle belle leçon de vue.

Quelle personne assez riche de cœur, assez folle d’esprit, peut inventer, créer, imaginer l’univers qu’il y a hors du cadre du tableau ?

Quelle personne peut avoir l’idée, l’audace, de proposer la suite de l’univers qui a été enfermé entre quatre petits bouts de bois ?

Et pourtant, c’est tellement évident. Personne n’y pense jamais, mais ça saute aux yeux, même si on ne le voit pas.

L’univers du tableau, de l’image, de la photo, ne s’arrête pas avec les limites du cadre. Il est infiniment riche, infiniment présent, existant dans les moindres recoins du visible, il nous suffit pour cela de faire marcher notre imaginaire.

Prenez la Joconde de Vinci. Son univers ne s’arrête pas à l’espace immortalisé par le Maître. L’univers de la Joconde est aussi autour, derrière, devant tout ce qui est présent dans le tableau.

Je connais donc quelqu’un qui dessine hors des cadres des tableaux. Je suis absolument sidéré par la richesse de sens qu’a cette idée, par la force de l’imaginaire, et la simplicité magique de la démarche.

Elle prend un tableau, une photo, une carte postale, elle la pose sur une toile plus grande, et toute blanche, et elle invente la suite de l’univers.

On devrait tous faire pareil. On devrait tous ôter nos œillères et créer, inventer, imaginer ce qu’il y a derrière les cadres.

Les cadres des tableaux.

Mais aussi les cadres de nos vies, les cadres de nos peurs, les cadres de nos rêves, et ceux de nos espoirs. C’est une des faiblesses de l’homme, que de tout vouloir définir, délimiter, encadrer, réduire, contrôler, dominer. Alors on range tout dans des cases, dans des cadres, dans des frontières, dans des enclos, tout et chacun a sa petite place bien définie, sans aucun espoir d’épanouissement hors cadre.

Y’a-t-il pourtant plus grand plaisir que celui d’exister hors de son cadre ? Que de sortir de sa cage, de son enclos, de ses frontières, réelles ou imaginaires ? Que de dépasser ses limites, que de dépasser le cadre limité de nos petites existences pour faire autrement, pour faire différemment, pour faire ailleurs ?

Et voilà d’un coup que le tableau existe autrement, hors de son cadre, qu’on lui voit d’autres motifs, d’autres couleurs, d’autres sens, d’autres perspectives, et voilà d’un coup que tout semble mieux, impromptu, et surprenant.

Tout est hors cadre.

Tout est surprise.

Tout est à imaginer.

Il ne faut pas s’arrêter à ce que l’on voit, ou à ce que l’on sait. Il faut toujours aller vers ce que l’on croit, et vers ce que l’on rêve.

Je connais quelqu’un qui dessine hors des cadres des tableaux
.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher Thomas,

Ce texte est magnifique et très émouvant. Je te remercie pour le plaisir infini que j'ai eu a le lire. Tu es un vrai poète et ta plume, petit sauvage, est subtile et emprunte de sincérité.

Merci....cette personne doit vraiment être exceptionnelle.

Prends soin de toi

Anonyme a dit…

et le porte-plume redevient oiseau...