lundi 27 mars 2006

LA PLUME DU PETIT SAUVAGE - NOUVELLE : RELATIVITE

Cap Canaveral, Houston, Floride.

La NASA est en effervescence.

Plus que quelques heures avant la fermeture de la fenêtre de tir.

Depuis plusieurs semaines déjà, le lancement de la navette est reporté.

Mais aujourd’hui, c’est parti pour de bon.

La météo, particulièrement défavorable, les incidents techniques qui n’ont pas hésité à se multiplier, avaient fait que la navette « Discovery Unlimited » s’était vue rebaptisée « Discovery Unlucky ».

Vendredi dernier, le compte à rebours était déjà entamé de moitié, quand, sous le ciel limpide et calme, une immense déflagration était venue briser les espoirs de l’équipe spatiale.

Un des réservoirs annexes du propulseur avait implosé, ne provoquant, heureusement, que des dégâts matériels, impressionnants, mais réparables.

Ils furent des centaines à travailler jour et nuit pour tout remettre en œuvre et faire en sorte qu’une dernière tentative de lancement soit possible avant la fermeture de la fenêtre de tir.

Mais cette fois, ils y sont pour de bon.

Tout le monde est à son poste.

Dans la salle de contrôle, chacun est devant son écran. Les oreillettes sur les oreilles, les mains sur le clavier, les yeux devant le moniteur. Les chefs de service s’agitent, marchent de long en large, un mug de café froid à moitié vide à la main. Les responsables de trajectoire s’étirent le long des écrans plasmas géants où se dessine le plan de vol de la navette.

A bord de « Discovery Unlimited », l’équipage s’attache et procède à la check-list de pré-vol.

Dans une salle annexe de la salle de contrôle, les proches des membres de l’équipage se serrent les coudes, anxieux.

Plus loin, beaucoup plus loin, au-delà des barrières qui délimitent le périmètre de sécurité de Cap Canaveral, au-delà des marais qui entourent la base de lancement, des milliers de badauds attendent depuis des heures. Ils veulent voir de leurs yeux l’impressionnant décollage. Ils sont venus avec leurs fauteuils de camping, leurs paires de jumelles, et leurs thermos. Certains font ça depuis des années et ne ratent jamais un lancement.

Une goutte de sueur tombe sur la souris de l’opérateur chargé de lancer le compte à rebours.

La pression est à son comble, le cœur s’accélère, le souffle devient plus court.

« Mesdames et Messieurs, engagement du compte à rebours……………… »

Giclée d’adrénaline dans tous les cerveaux de l’équipe.

« Compte à rebours engagé ».

10…
9…
Allumage du propulseur principal
8…
7…
Allumage des propulseurs auxiliaires
6…
5…
Décrochage des tours de lancement
4…
3…
Désarrimage de la navette
2…
1…


« - Papa, papa !
- Qu’y a-t-il Chérie ?
- Mais viens voir, j’ai encore des problèmes avec mon élevage
- Comment ? Qu’est ce qui se passe ? Ils ont encore fait des cochonneries partout ?
- NON !! C’est pas ça ! Ils essayent encore de s’échapper du vivarium
- Quoi ? Fais moi voir ça ? »

Dans la chambre de la petite fille, un grand vivarium, dans lequel une sorte de gros nid, en forme de boule bleutée, semble comme en suspension.

« - Regarde, tu vois, ils font comme la dernière fois… Les plus malins ont construits une sorte de petite boite en fer, et ils essayent de se propulser hors du nid avec !
- Oh ne t’inquiète pas ma Chérie, il n’y a aucun risque qu’ils s’échappent et aillent se cacher sous ton lit…. Au pire, leur petite boite en fer viendra se cogner contre la paroi du vivarium, et ils finiront tout au fond, bien malins, et incapable de remonter jusqu’à leur nid sans ton aide….. Tu vois, c’est une sacrée responsabilité ces petits animaux…. Mais c’est tellement mignon, et tellement affectueux quand c’est bien dressé !
- Oh oui, tu as raison…. Je ne dois pas m’inquiéter alors ?
- Non, ne t’en fais pas. Sois juste bien attentive, et n’hésite pas à les aider si tu vois qu’ils n’arrivent pas à regagner leur nid. Et laisse les donc s’amuser avec leurs petites boîtes en fer… Toi, tu t’amuses bien avec la roue que j’ai accrochée dans ta chambre ! »

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